Nos amiEs, ces « alliéEs » en carton. (Part 2)

LA GRANDE FOIRE

Alors ça y est, c’est parti, la mode est lancée…

Bien sûr ce n’est pas nouveau, mais cette année, chacun y va de son colloque, de son débat, de sa « conférence des transidentités ». A l’heure ou j’écris , je compte pas moins de 5 projets dans des villes différentes telles que Montpellier, Toulouse, Lyon, Rennes ou Nantes (et encore je ne suis pas au courant de tout) qui envisagent de parler des transidentités et cela sans qu’aucune asso trans ne soit conviée à collaborer dans l’organisation de leur projet, et sans avoir a minima été consultée sur les sujets à aborder, et bon soyons honnêtes, sans même avoir été invitée a participer tout court, même a titre d’intervenante, dans la majorité de ces villes.

C’est à dire que certaines ont visiblement fait l’impasse sur l’expertise des asso trans, et cela même si ces asso existent, accueillent et accompagnent des personnes trans toute l’année. Non, cela ne compte pas, puisqu’ apparemment il vaut mieux laisser la parole et l’espace en priorité et d’entrée de jeu aux psychiatres et sociologues cis, aux médecins et « spécialistes » médicaux sans même être sûrs qu’ils ne jouent pas le jeu de la SoFECT, voir carrément en invitant discrètement des membres de ces équipes protocolaires ou des médecins qui travaillent avec eux .

Le ton est donné, ce n’est pas encore le moment de laisser parler les premièrEs concernéEs qui s’organisent, ou alors dans le meilleur des cas si, à la fin, et pas trop non plus, faudrait pas déconner.

courrier FMP

courrier FMP2

C’est tellement beau! Et puis c’est pas pompeux du tout hein. En plus, genre c’est la première quoi. Les gens de la FMP ils pensent vraiment qu’ils ont eu une idée originale, qu’on les a attendu pour y penser quoi… Sinon j’espère que c’est une faute de frappe là, sous la signature de Cathy Soualle, sinon ça veut dire que y’en a d’autres de prévu avant même de savoir qui va venir à celle-là. Vraiment on doute de rien a la FMP!

MAIS ENFIN!

Quand comprendrez-vous que le T a la fin de LGBT ne vous donne pas le droit de faire n’importe quoi au nom des trans , il vous donne une responsabilité, celle de vous former et d’écouter d’abord les premierEs concernéEs avant de prendre la parole ou d’inviter n’importe qui, sans même en comprendre les enjeux.

Et quand je dis les premierEs concernéEs, je ne parle pas de vos groupes trans, quelquefois tenu par des personnes cis (si si si y’en a plusieurs dans des asso lgbt, j’ai des noms) , je parle d’ expertise politique collective, de réseau national, de structures organisées et conçues pour les trans et par les trans (et ou les cis ne sont pas dans les instances décisionnelles) dont c’est l’unique boulot toute l’année de réfléchir et proposer des projets, des permanences, des conférences, des actions de prévention, des formations en direction des professionnels de santé et d’associations comme la vôtre, malgré le fait qu’ayant suivi une fois une formation (quelquefois juste de sensibilisation), ces asso se permettent de se proclamer complètement formées aux enjeux trans et aptes à se passer de notre avis et de notre expertise de terrain alors que tout ce qu’elles retiennent c’est que « bien genrer c’est important » (et encore si elles le retiennent).

 

Parce que du haut de leur énorme égo (ou ambition) et manque de réel projet politique  , les LGB (ou LG ou G),  ils ont bien compris un truc : pourquoi devoir réfléchir et négocier avec des asso trans quand on a sous la main des personnes trans ?

Beh oui , c’est vrai que ça se vaut tout a fait l’expérience individuelle en face d’une réflexion politique collective ! En plus , avoir quelques personnes trans pour s’exprimer au nom de toute une communauté, c’est beaucoup plus facile a gérer, ça fait encore très bien sur les photos pour la pose, ça permet de foutre toutes les problématiques dans le même sac fourre-tout et n’importe quoi de « LGBTphobie » (terme méga a la mode) sans avoir à se remettre en question plus que ça.

Laissez-moi aussi vous poser la question, quelle est la part décisionnelle ou de responsabilité de ces personnes sur des projets qui les concernent à l’intérieur de votre asso ? Est-ce qu’elles sont juste mentionnées de façon vague sur l’invitation ? Sont-elles en charge des projets, je veux dire en vote majoritaire sur ce qui les concerne ?

Flyer tranidentité

(alors là c’est très bien foutu dans le très flou pour savoir si l’animation est fait par les trans ou par les cis et les trans, enfin vous inquiétez pas, les personnes qui sont allées là-bas, elles s’en sont aperçu très vite).

Mais sérieusement? Vous croyez vraiment que, parce que nous ne sommes pas forcément à côté, nous ne savons pas ce qu’il se passe chez vous? Nous avons déjà eu des mauvais retours concernant votre association via des témoignages, le mauvais accueil (des personnes cis du CA assistent au « pôle trans » et prennent beaucoup de place) , les propos intrusifs et déplacés et les fausses informations que vous avez donné à des personnes trans, des orientations vers les équipes protocolaires de la SoFECT de Montpellier et Marseille. Nous savons aussi que la CPAM de votre département est une des CPAM qui discrimine le plus concernant les ALD (mais c’est pas grave autant la laisser parler dès le début), nous savons aussi que l’amicale du nid fait aussi des permanences « trans » dans votre ville, ce qui est très problématique concernant l’accompagnement des personnes trans travailleuses du sexe (mais peut-être les avez vous invité à intervenir sur votre volet « prostitution »? Allons-y carrément, on est pas à ça près).

Que faites-vous exactement concernant les revendications des asso trans? Pour la dépsychiatrisation? Pour encourager l’émergence et l’autonomie de groupes trans qui ne seraient pas dépendants de votre association? Pensez-vous vraiment que votre démarche est cohérente?

Au fait, pendant que je vous tiens, sur le descriptif de votre pôle « trans » (apparemment vraiment pas en non-mixité) c’est indiqué que vous avez une liste d’hôpitaux spécialisés, on aimerait bien la connaître (cf http://www.montpelliergay.com/pole-transidentite/)!

A ma connaissance, vous avez déjà envoyé des invitations a des « professionnels » de santé dont le discours est problématique et dont vous avez eu connaissance par on ne sait quel moyen. Enfin, j’dis ça , je dis rien hein.

Bon, bah si on regardait le programme?

conférence transOui, c’est pas mal dit comme ça. Et si on regardait après?

conférence trans 2

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Alors euh donc 1h pour le partage d’expérience avec les asso nationales ou régionales (à noter que  y’a toujours pas marqué asso trans hein, ils ont bien fait de pas trop s’avancer tout de même).

Mais bien sûr, vous allez me dire que vous avez envoyé des invitations aux asso trans, c’est-à-dire quand ? Après avoir constaté le fiasco avec Contact IDF ? Vous pensez vraiment que les asso vont vous fournir une réponse sous 15 jours alors que personne ne sait  les noms de vos autres invitéEs ?

Avez-vous bien réfléchi en plaçant votre « Conférence Nationale des Transidentités » la semaine de la tenue du TDoR et l’intervention des asso le 19, que peut-être les associations trans seraient occupées localement à organiser un événement? Enfin je veux dire comme chaque année quoi. Mais non, vous voulez que notre agenda un jour comme celui-ci justement correspondent au vôtre ? Sûrement pour notre bien, même si on ne vous a absolument rien demandé en fait.

Le TDoR n’est pas une commémoration LGBT, ce n’est pas un événement contre les « LGBT phobies » c’est le jour du souvenir trans, le jour ou on commémore les victimes de la transphobie. C’est un événement trans, et nous galérons déjà assez au niveau local pour trouver l’argent et les moyens humains qui nous permettront d’en faire une journée importante de commémoration de nos mortEs et de sensibilisation à la violence systémique (dont la psychiatrisation tient une part conséquente) qui pousse beaucoup d’entre nous vers le suicide et la dépression, sans avoir à se payer le luxe d’aller parader pour vous faire de la pub.

Ne vous inquiétez pas, je suis sûr que l’ INTER LGBT acceptera comme d’habitude de parler à notre place, alors qu’elle ne comprend toujours aucune asso trans parmi ses asso membres, mais bon là-bas on aime bien les bulles et les petits fours alors on se déplace pour parler 3 minutes, de toute façon le plus important c’est la photo, pas la profondeur du discours.

 

Oh! J’allais oublier, vous avez assez d’argent pour cette conférence? Très bien! Je veux bien le nom de votre subvention, ça a l’air pas mal gros, non? Une subvention en rapport avec la santé trans?

Si jamais il vous en reste après avoir économiser sur les billets de train et autres défraiements des asso trans, n’hésitez pas à faire des dons à ces mêmes asso, ou bien à verser une participation significative aux pots communs des personnes trans qui sont légions, n’ayant pas les moyens financiers de réaliser leur transition comme ils ou elles le veulent, sans passer par les équipes psychiatrisante et pathologisante de la SoFECT ou sans passer par des médecins maltraitants que vous ferez sûrement  intervenir lors de votre « conférence nationale » de 3 jours.

Alors vous avez deux mois pour essayer de rendre votre truc présentable, perso j’ attend avec impatience de voir comment vous allez faire et ne craignez rien, nous regarderons avec attention la liste de vos invitéEs « professionnelLEs de la santé trans » et la liste de nos « alliéEs » qui participeront à ce fiasco, ceux et celles qui discrètement posent leurs billes partout sans prendre de position claire.

Ça va être un défilé intéressant et instructif, j’ai hâte.

En espérant aussi que votre président d’honneur, Vincent Boileau-Autin y gagnera des points de popularité et de « grandeur d’âme » en politique qui pourront lui servir plus tard, faudrait pas avoir fait une communication aussi prétentieuse pour rien non plus.

 

 

Nos amiEs, ces « alliéEs » en carton (Part 1)

Contact IDF ou l’exemple extrême de ce qu’il ne faut pas faire

Dans la série « Nos faux amiEs, ces alliéEs en carton », parlons donc de CONTACT IDF en premier, parce que c’est d’une actualité brûlante. Toutefois j’aimerais bien aussi qu’on garde en mémoire que Contact idf, n’est ni la première, ni même la seule association, et de loin, adoptant cette démarche que je qualifierais de dangereuse pour les personnes trans ainsi que leurs proches, et de stupide et insultante pour les associations, collectifs et militantEs trans, j’y reviendrais plus tard.

contactidf

Comme vous pouvez le voir, avec cette communication, Contact IDF a battu de loin le record du grand n’importe quoi, en décrivant les membres de la SoFECT comme des «professionnels de la santé qui œuvrent au quotidien dans l’intérêt des personnes trans pour leur permettre de réaliser harmonieusement (WTF?) leur réassignation », en invitant comme un « spécialiste bienveillant » le vice-président mais aussi en confiant l’animation à un psychologue psychanalyste débarqué d’on ne sait où. C’est vrai que c’est bien connu que la psychanalyse est super au point question transidentités !

 

Alors, cherEs membres de CONTACT IDF, comment dire ?

Avez vous bien noté qu’une des revendication de la marche Existrans qui se tient chaque année à Paris dit : « Démantèlement des équipes et protocoles hospitaliers »?En fait, lisez-vous vraiment ces revendications avant de venir marcher ou juste ne vous penchez-vous jamais sur ces quelques mots qui doivent ne doivent pas représenter grand chose pour vous ?Avez-vous remarqué chaque année des termes comme « Dé-psychiatrisation » et « Auto-détermination » sur nos pancartes, et pensez vous que cela veut simplement dire qu’on refuse d’aller en HP ?

N’avez vous pas suivi de formations sur les questions transidentitaires auprès d’asso trans qui vous ont expliqué ce qu’était la SoFECT au juste ?Elles doivent être bien dégoutées d’avoir perdu leur temps avec vous.

Autant pisser dans un violon.

Qu’est ce que vous ne comprenez pas, ou plutôt, qu’est-ce que vous avez bien voulu retenir ?

Ou alors vous avez pensé : « Bon l’inter LGBT (dont CONTACT IDF fait parti) a récemment participé à un colloque* de la SoFECT et personne n’a rien dit, c’est le bon moment pour les inviter, ça passera crème ».  cf: l’ inter LGBT et la sofect, juin 2017

Bref, je ne sais pas quel est votre raisonnement et si il y’ en a un, mais VRAIMENT, je ne veux pas le savoir. En tout cas de la cohérence y’ en a pas.

 

 POURQUOI CETTE DÉMARCHE EST DANGEREUSE ?

Cette démarche est d’autant plus nocive qu’elle permet à la SoFECT de se donner une nouvelle image lisse en étant présentée comme composée de professionnels bienveillants et en leur laissant l’espace pour se décrire comme incompris par les asso trans (discours maintes fois usité par eux). Voilà la nouvelle équipe et le nouveau porte parole le Dr Chambry, on oublie Cordier et Chiland, Bonierbal, on oublie Schoendorff et tous les transphobes historiques, on ne parle que des mineurs trans et on surfe sur la belle visibilité truquée donnée par le documentaire « Devenir il ou elle ».

L’enjeu est d’autant plus grave ici que Contact est une asso de parents d’ enfants LGBT et qui a une certaine notoriété dans ce domaine (bon principalement parce que c’est la seule ou la plus grosse).

Résultat, le message qu’ils envoient ici aux parents mais aussi directement ou indirectement à leurs enfants, c’est quand même que la transidentité est une histoire de psy, que l’ accompagnement le plus adapté et nécessaire c’est celui d’un auto-proclamé « spécialiste » et que l’avis qu’il faut absolument avoir c’est celui du vice-président de la SoFECT.

Rappelons qu’ en s’auto-proclamant « experts » , et en traitant au passage tous les autres médecins voulant accompagner les personnes trans dans une démarche respectueuse de « charlatans » (citation véridique), les membres de la SoFECT empêchent d’autres médecins de se former et créent encore plus d’inégalité sociale géographique et de précarité, bloquent l’accès pour les personnes trans au libre choix de leur médecin et aussi aux remboursements pour les personnes désirant se faire opérer ailleurs que dans leurs équipes (influence corporatiste de la SoFECT sur le Médecin Conseil National), en plus de les forcer a un suivi psychiatrique long, souvent problématique ou carrément maltraitant .

Est-ce qu’il faut vous rappeler le taux de suicide chez les jeunes trans ? Est-ce qu’il faut qu’on vous raconte la vie de chaque personne trans qu’on a accueilli et qui s’est faite maltraiter psychologiquement, médicalement ou même chirurgicalement par les équipes de la SoFECT ?

Est-ce qu’il faut qu’on vous donne des noms ou qu’ on vous fournisse des photos ? Est-ce qu’il faut qu’on vous envoit les personnes qui ont été refusées car elles ne correspondaient pas aux stéréotypes attendus par ces équipes pour être classées comme vraiEs trans ? Faut faire quoi pour être entendu quand on est trans?

Passer un diplôme de médecine ou de psychologie/sociologie et être cis ?

Vous me foutez vraiment la gerbe.

LA RÉACTION DE CONTACT NATIONAL

excusescontact

Alors qu’est ce qui se passe a l’intérieur d’une asso, si une section part en vrille et si au niveau national on ne peut rien y faire ? N’ y a-t-il pas un socle de base déontologique commun à toutes les sections ? Des valeurs partagées ?

Est-ce que c’est parce que l’intégration des questions trans est une mission assez récente de Contact que ça déconne ? Est-ce que si Contact IDF décide d’inviter la manif pour tous, Contact national ne pourra rien y faire ?

La parution de ces excuses par communiqué de presse étant déjà un miracle en soi (je crois que c’est du jamais vu) , peut on maintenant espérer une suite , une poursuite de réflexion pour que cela puisse ne jamais se répéter ?

 

POURQUOI , PLUS LOIN QUE LA SIMPLE ANNULATION, NOUS ATTENDONS DES EXCUSES OFFICIELLES ET PUBLIQUES ?  

De la part de Contact IDF, et de la part de toutes les autres asso ou collectifs en général qui se rendraient finalement compte qu’ils ont merdé, on ne peut plus se contenter d’un simple effacement de l’annonce, ou de la partie problématique du contenu, ou même de quelques justifications vaseuses entre deux portes, en privé et donc qui ne laissent aucune trace.

Tout d’abord parce que c’est vraiment nous prendre pour des imbéciles de penser que ça suffit, c’est une insulte de croire qu’ après ça, on pourra continuer de dialoguer avec vous comme si de rien n’ était. Vous voulez minimiser votre « erreur »? Vous ne faîtes que vous enfoncer.

Nous avons besoin que l’annulation soit officielle pour être sûrEs que vous ne ferez pas cette soirée en scred, et nous exigeons des excuses publiques afin que la même situation ne se répète d’ici 1 an , 5 ou même 10. Sans ça, il n’y a pas de réflexion pour vous qui se transmette sur comment ne pas reproduire cette « erreur » à l’avenir avec un autre bureau et d’autres membres, ni de preuve pour nous qui puisse rester dans nos archives communautaires (même si actuellement plutôt minces) que vous soyez dans une véritable démarche de compréhension des principales problématiques que peuvent rencontrer les personnes trans.

Pour l’instant votre conduite me fait plutôt penser que vous boudez. Question prise de responsabilité, c’est plutôt le niveau zéro.

(Cette partie a été écrite avant la parution du communiqué pourri de contact idf, alors que je m’attendais à un silence assourdissant de leur part, mais non ils ont fait pire!)

LE GRAND CLASSIQUE DE LA RÉPONSE VICTIMISANTE OU L’INDÉCENCE A SON COMBLE.

contact idf com

J’ai l’impression d’avoir lu ça des centaines de fois: « Nous ne nous sommes pas trompés, on a été maladroit mais dans le fond c’est vous qui avez mal compris » !!! Et je rajoute une couche d’insultes. Donc là c’est clair on est des abrutiEs pour contact idf qui a apparemment un problème d’ego associatif !

Donc on vous parle de nos vies, de la maltraitance médicale et de la transphobie qui on vous le rappelle TUE, et vous avez le toupet de vous poser comme victimes de l’incompréhension générale ? Vraiment, encore une fois que de méchanceté envers vous, ça doit être tellement difficile à vivre!

J’ai bien aimé aussi la partie « on est pas transphobes parce qu’on vient à l’existrans et qu’on fait des pancartes à la pride » et aussi « on a fait un travail de fond pendant un an (!!!)  » Est-ce que ça veut dire qu’il est fini? C’est court un an pour un travail de fond, non?Et apparemment bah vous vous êtes loupés, faudrait voir a tout recommencer , le problème là, c’est que je ne suis pas sûr qu’une asso ait envie de vous revoir.

Et le meilleur est encore la fin quand ils regrettent une mauvaise lecture de cet événement, ah mais vraiment, en plus on lit mal parce qu’on est stupides quoi.

C’est sûr quand on fait venir les gens pour les faire intervenir et qu’on les présente comme des spécialistes, en rien on ne les légitime, et il n’ y a pas trace de collaboration là-dedans! VOUS ETES SERIEUX LA???

J’espère qu’un jour, votre suffisance et votre indécence finiront par vous étouffer.

J’ai honte pour vous.

ALORS QUE FAIRE (en attendant ce jour)?

Si vous désirez faire quelque chose de concret, n’ hésitez pas à interpeller directement Contact Paris Ile-de-France via leur  FB ou par mail à idf@asso-contact.org , par téléphone au 01 44 54 04 70 , et/ou en vous rendant à leur local parisien, mais bon, n’attendez pas le 28, y’a vraiment pas de raison, allez y n’ importe quel jour, peut être à plusieurs même…Vous pouvez complètement aussi les apostropher si jamais ils se pointent à l’Existrans (parce que visiblement ils n’ont peur de rien).

Vous pouvez aussi demander ce qu’ il en est de l’avis de l’Inter LGBT vis-à-vis de la démarche d’une de ses associations membres, curieusement, on ne les a pas beaucoup entendu. Il serait plus que temps aussi pour elles et eux aussi de prendre leurs responsabilités. 

 

 

 

 

Nos amiEs, ces « alliéEs » en carton (intro)

« AlliéEs des luttes trans », t’es sûrE???

Il y’ a 5 ans j’écrivais sur ce blog un article intitulé « Etre unE bonNE alliéE » , je pensais qu’il ne faisait que résumer des principes de base qu’on entendait partout, mais déjà, à l’époque, j’ai pu constater à quel point il n’avait pas du tout plu à un paquet de militantEs qui se disaient LGBT ou TransPédéGouine et/ou féministes. Évidemment le principe de fermer sa gueule ne plaît jamais aux gens qui s’écoutent beaucoup, même sur des sujets qu’ils ne maîtrisent pas.

LGGGGGGG

Maintenant je milite dans une association trans, et je constate que ces fameux auto-proclaméEs « alliéEs » sont presque plus emmerdantEs en associations que nos propres ennemis politiques, qu’ils nous prennent facilement plus de la moitié de l’énergie qu’on souhaite mettre dans nos projets, qu’ils profitent bien de l’argent (subventions et prix) qui devraient revenir aux asso trans et inter pour parler des sujets qui les concernent, qu’ ils ne s’éduquent et ne s’informent pas (ou très mal) sur nos enjeux politiques, sur l’histoire de nos luttes et de nos combats, et qu’au mieux, ils utilisent des personnes trans pour poser avec eux/elles sur la photo et pensent ainsi gagner des points d’inclusivité et d’ouverture d’esprit en participant à rendre visible non pas les combats trans mais les personnes trans.

C’est à dire que non seulement ils ne nous aident pas, mais en plus ils nous enfoncent et continuent de se pointer à l’Existrans pour marcher avec nous, la bouche en cœur, tout en traitant les asso ou personnes trans et/ou inter qui les critiqueraient, de « méchants extrémistes » .

Je pense que si on gueule et qu’on se met en colère, c’est que la pédagogie n’a pas marché, que la fatigue de devoir former encore et encore des gens qui ne retiennent que ce qui les arrange, tout en pensant bien souvent en leur fort intérieur qu’ on exagère et qu’on est complètement parano, va finir par épuiser touTEs les militantEs trans et/ou inter de bonnes volonté, bien plus vite que le combat contre la transphobie d’un système que ça arrange qu’on ne puisse pas hausser le ton et qu’on soit policéEs par ceux et celles qui sont censéEs nous aider.

NOTRE COLERE EST LEGITIME ! LA TRANSPHOBIE TUE !

Mais qu’est-ce que vous croyez ? Qu’elle tue seulement des trans dans des pays lointains et qu’il suffit d’allumer une bougie lors du TDOR et de lire une liste de noms pour comprendre de quoi on parle et pour avoir fait sa B.A de l’année ? Ecoutez les asso trans quand elles vous parlent de leur réalités. N’ attendez pas « le témoignage de vie » d’une personne trans pour vous rendre compte que nos revendications sont concrètes, qu’elles s’appuient sur des dizaines, centaines, milliers de témoignages entendus ou directement vécus. Nous n’inventons rien, nous n’exagérons rien, et nous refusons de continuer a alimenter votre voyeurisme en vous racontant notre vie jusque dans les moindres détails de notre intimité.

Vous êtes aussi indécentEs que ces médecins qui essayent de nous faire déshabiller sous le moindre prétexte.

Ca fait des années que nous nous racontons et nous nous transmettons les histoires de transphobie qui ont lieu lors d’évenements LGBT ou TPG soit disant « trans friendly » (encore un mot de merde qui ne veut rien dire), que nous sommes choquéEs des déclarations ou des projets qui sont faits soi-disant pour nous, pour qu’on nous « comprenne » mieux et qu’on nous « accepte ».

Il est grand temps que nos voix se lèvent pour pointer publiquement et avec colère ce qui ne va pas. Ne les laissons pas faire quand ils essayent de nous diviser en attribuant des médailles du mérite aux gentils trans toujours d’accord avec eux, tout en niant la parole de ceux et celles qui répondent à leur violence par une colère légitime.

Soyons « hystériques » ou « extremistes » touTEs ensemble !

Prenons la parole publiquement, arrachons les mégaphones et bloquons les portes de ces associations et de leurs événements merdiques ! Virons-les de nos marches et ne les laissons plus jamais parler à notre place.

Cet article est l’introduction d’une série d’articles sur ces « alliéEs », bien sûr il y’ aura des exemples concrets, n’hésitez pas à lâcher d’autres exemples (avec des noms d’organisations) dans les commentaires si vous le souhaitez.

Être un trop « gentil trans » dans une relation

Témoignage paru dans le numéro 12 de TransKind, p.42  https://transkind.wordpress.com/2015/10/25/transkind-n-12/

micro paillette

         Quand j’ai commencé ma transition, à 30 ans, c’est-à-dire quand j’ai commencé à concevoir et à accepter le fait que je sois trans, j’étais dans une relation plutôt intense, on va dire, pour faire simple.

Depuis mon adolescence, je n’avais jamais vraiment été célibataire pendant plus de 3 mois et j’avais vraiment l’habitude de faire passer l’autre avant moi, ce qui se finissait toujours assez mal, évidemment (à une ou deux exceptions près). J’avais la tête farcie de films et de roman d’amour où la force des sentiments s’évaluait au degré de sacrifice et d’abnégation.

Je venais d’emménager à Paris quelques années auparavant et j’avais la chance d’être très entouré à cette époque, nous étions un petit groupe de butchs et de trans en début de transition et nous passions beaucoup de temps ensemble, à militer, à boire, à faire la fête, à baiser, à refaire le monde quoi.

J’étais vraiment exalté par cet univers que j’apprenais à connaître, je découvrais l’activisme trans/pédé/gouine, le milieu “Queer Paillettes” parisien, le féminisme, le bdsm, et tout ça tout en gardant un travail à temps complet en banlieue qui me demandait beaucoup d’investissement et qui me remuait.

C’est dans ce contexte que j’ai rencontré P.

Elle faisait partie de ce petit groupe de fems qui écrivait, réalisait, jouait, performait en faveur d’un féminisme sex-positif et bénéficiait d’une certaine notoriété pour cela.
Je ne vais pas mentir, c’était terriblement agréable pour mon ego à un moment où
chaque miette d’une reconnaissance quelconque me semblait bénéfique.
Je ne vais pas revenir en détail sur cette relation ici, parce qu’elle a été un peu trop dou-
loureuse, à base d’humiliations et de manipulations diverses.

Bref.

Mais je crois que c’est important d’essayer de mettre des mots maintenant sur les consé-
quences de ce que je considère, avec recul, comme étant un des effets de la transphobie
intériorisée.

P. était très clairement attirée, sexuellement aussi, par une certaine forme de masculinité, y compris chez les gouines.
Ce qui me convenait parfaitement au début : étant moi même en questionnement sur mon identité et mon expression de genre, j’éprouvais du plaisir à correspondre à ces standards. J’étais heureux qu’elle soutienne ma transition, à tel point qu’elle me tienne la main lors de ma première injection de testostérone, qu’elle ne se trompe pas en me genrant, qu’elle accepte mon prénom choisi bien qu’elle ne l’aime pas. J’étais fier comme un paon qu’elle écrive sur moi, qu’elle joue des scènes porno avec moi, et plus que tout j’étais infiniment reconnaissant qu’elle continue d’être avec moi. Je ne voyais pas le problème dans le fait qu’elle raconte à ma place et sans moi notre relation de façon publique puisque « le privé c’est politique » , qu’ elle porte haut le drapeau de la cause trans dans les médias, qu’elle parle du fait qu’elle sorte avec un trans à ses collègues parce que attention il ne faudrait pas qu’ils la croient hétéro et que bon « les bi ça n’existe pas en terme d’oppression spécifique » .

Je ne remettais rien en cause parce que je me sentais validé voir même reconnu
en tant que trans, même si je n’arrivais pas à l’exprimer comme ça à ce moment, et
que c’était ce dont j’avais besoin, quitte à être exotisé et à coller à ce qu’on attendait de
moi. C’est ce sentiment qui m’a fait sombrer dans une dépendance affective merdique
où apprendre à dire non ou poser mes limites n’étaient clairement pas à l’ordre du
jour et ne pouvaient pas l’être et ça, dans tous les aspects de notre relation, y compris
sexuellement.
Le pire c’est que je n’avais aucun recul pour analyser ce qu’il se passait et j’ai mis beau-
coup de temps après la fin de notre relation pour comprendre ce mécanisme.
Tout ça a pris énormément de place aussi et je regrette maintenant de ne pas m’être
accordé assez de temps pour apprécier et célébrer tous les changements physiques apportés par la testo la première année.

J’avais une pauvre estime de moi et je travaille toujours dessus. Je veux dire, c’est tou-
jours très difficile de savoir précisément pourquoi, quelle est la partie en rapport avec
le fait que je sois trans, je comprends maintenant des choses qui peuvent paraître inextricablement entrelacées avec d’autres éléments de ma vie mais qui aboutissent à ce
même ressenti, celui d’être nié ou d’être une quantité tellement négligeable et d’accumuler les conduites à risques qu’elle en est insignifiante.
Et c’est là que je parle de transphobie intériorisée.

Car si on intègre profondément, qu’on rentre bien au fond de nous les messages que nous envoient, une bonne partie de notre vie et de manière plus ou moins directe, nos parents, notre famille, nos amis et la société en général, on en vient vite à penser que ce que l’on ressent n’est pas légitime, que ce que l’on est n’est pas légitime, et que finalement nous ne méritons pas vraiment d’ être heureux.
À partir de là, c’est facile de s’autodétruire, et d’accumuler les conduites à risques y
compris sexuellement et/ou affectivement, c’est facile d’accepter ou de relativiser la
transphobie, l’exotisation, le voyeurisme, les blagues douteuses et le rejet sans plus
longtemps essayer de se battre et en cherchant perpétuellement des miettes de recon-
naissance auprès de personnes qui ne le méritent pas.

    Maintenant, je pense que réaliser tout ça et ses conséquences me prend du temps, que je n’ai pas fini d’y réfléchir, que ça fait partie de ma transition, et que c’est pour ça que
j’estime qu’elle n’est pas terminée et qu’elle ne le sera peut-être jamais.

En attendant, je ne supplierai plus pour qu’on veuille de moi ou qu’on me traite avec
respect, je ne relativiserai plus le fait qu’on dépasse les limites que j’ai fixées, je ne
féliciterai pas, ni ne remercierai les personnes qui me valident, je n’ai besoin que de
moi-même pour ça.

From « Facing Mirrors » to « Une femme iranienne », a case of transmasculine erasure in LGBT cinema

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Facing Mirrors (Aynehaye Rooberoo, 2011) is a very beautiful Iranian movie made by female director Negar Azarbayjani. Set in contemporary Iran, it tells the story of a « traditional » mother and wife who finds herself becoming a taxi driver to pay off the debt that sent her husband to prison, and becoming friends with Eddie, a trans boy desperately waiting for his passport allowing him to leave Iran.

Facing Mirrors toured in several LGBT French film festivals, winning in 2012 the Grand Prix of the Chéries-Chéris festival, and is being distributed by a non-profit organization called « The Film Colleborative ».

Which is how I came to see this film, in 2013 at the Face à Face festival in Saint-Étienne (France).

During the movie, I was taken aback several times with pronouns and gendering problems in the French subtitles. I was really looking forward to watch this movie but when it ended I remember thinking that these mistakes kind of ruined it for me.

So I decided to enquire about how these subtitles were made in the first place. I learned that a film festival from Provence hired a (non-LGBT) translation firm to do the job. So, after being given the translator’s e-mail address, I wrote to her in a very diplomatic fashion (yes, I do know how to be diplomatic at times) to tell her that given the context of the movie translating an English neutral form into a French feminine does not really work. E.g. when Eddie tells Rana « I’m a transsexual » (which is an important moment in the movie), it’s just simply not appropriate for the subtitles to read « Je suis une transsexuelle » (« I am a transsexual woman »).

As I expected, the translator didn’t receive my remarks very well, meaning that she politely but coldly disregarded them (after all, who was I to complain about her work?).

(page 8/17 : http://www.thefilmcollaborative.org/_dialoguelists/FACINGMIRRORS_Dialogue_List_42012.pdf)

I was a bit irritated, though not surprised – given that she was not an LGBT person and obviously didn’t bother to do research before doing her job. After all, that’s what most journalists do – or rather, don’t do- when they write about trans folks.

Nobody seems to have thought about this question within LGBT+ festivals. It’s a wonder that we are still surprised by this lack of concern from LGB« T » festivals who manage to get confused between MtF and FtM in their programs.

http://lgbt.zefestival.fr/index.php/festival-2015/festival-2013/long-metrages/item/facing-mirrors

I’m still upset about this. This is a good movie and the translation job not only warps the very meaning of it but also renders its main theme invisible, for reasons that are unfathomable to me.

The movie will be released nationally in France on May 13th, distributed by Outplay, said by the Écrans Mixtes festival (Lyon) on the 9th of March, 2015.

http://festival-em.org/avant-premi%C3%A8res-et-in%C3%A9dits/une-femme-iranienne/

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But here’s the thing, though. The movie title was changed to « An iranian woman ».

Why ? Nobody knows. I tried asking Outplay (I was not super-nice while doing it, but I didn’t insult them either) through their Facebook page, their website, and ultimately by contacting Thibault Fougères, the head of the organization. He is also the co-founder and programmer for the Marais Film Festival, hardly an LGBT festival at that, but rather a neighborhood film festival, see http://yagg.com/2014/09/10/le-marais-film-festival-un-nouveau-rendez-vous-parisien-pour-le-cinema-lgbt/ )

About a week ago I finally got an answer back, saying that he didn’t have time, because he was on going to the cinema. (I hope he got out of there though, ’cause it’s not really healthy to eat only popcorn for a week, but whatever.)

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I also have some questions about Outplay. How is it that a distributor, which broadcasts such excellent movies as Something Must Break, still has their website categorized into « for boys » and « for girls » ? Talk about binary. Sometimes I wonder if the directors are aware of this or had been asked beforehand, but who really knows. Maybe I’m a cinema extremist.

BUT WHY IS IT SO IMPORTANT ?

I’ll now try to explain some things that seem quite obvious to me (although I am, as you can probably tell, quite irritated about it).

Changing the title from Facing Mirrors, a rather good translation from the original Iranian title, to An Iranian Woman, completely erases the trans masculine character in the movie. One can wonder if the Iranian Woman in the title is actually meant to be Rana (or at least that is my hope so), but focusing the movie on her character cuts Eddie out of the story, as if he means nothing. That would not correspond with the main theme of the movie, which in fact is not Rana’s life itself, but the bonds and friendship which develops between the two characters and their shared journey, brilliatntly reflected by the original title.

Trans erasure is what’s happening here, and it is happening in the same way that transmaculine folks (Ft*, FtM) are usually discriminated against. Every day, we receive the message that we are a disposable identity, or that we do not exist at all, from our surroundings, from our loved ones, the media, the doctors, the administration, representatives, cis gays and lesbians. This might appear only as « small mistakes » in the eyes of others; mistakes about our names, our pronouns, vocabulary mistakes, stuff that gets forgotten or left out. But the truth is that erasure kills. That message is of the kind that gets under our skin day after day. It’s the kind of message that gets inside a trans child or adult to tell them that their identity will never be validated as important by others, that they must be crazy, that they must stop being who they are in this society or even in this life.

There are very few movies with transmasculine people as main characters. Boys Don’t Cry still gets classified as a lesbian movie on some LGBT websites, and I have a feeling that we are the only ones getting upset about it. I think it’s time to get harder on this, to stop being nice, and to get deeper into the « details » that pile up and make our lives a lot more diffivult. We need cis gays, lesbians and bi people to take the responsibility they have towards us if they want to continue to wear the « LGBT » label with pride.

De FACING MIRRORS à UNE FEMME IRANIENNE, l’exemple même de l’invisibilisation progressive des trans masculins dans le cinéma « LGBT »

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FACING MIRRORS (Aynehaye Rooberoo) est un très beau film iranien de 2011 de la réalisatrice Negar Azarbayjani qui raconte l’histoire, qui se situe dans l’Iran actuel, d’une rencontre et d’une amitié entre une mère et épouse « traditionnelle » qui se retrouve forcée de conduire un taxi pour rembourser la dette qui a envoyé son mari en prison, et Eddie, un garçon trans qui attend désespérément son passeport pour quitter le pays.

En France, ce film est passé de festival LGBT en Festival LGBT, en obtenant en 2012 le Grand Prix du Festival Chéries-Chéris et en étant diffusé par un distributeur à but non lucratif « The Film collaborative ».

Et c’est ainsi que j’ai pu le voir en 2013 lors du Festival Face à Face de St Etienne.

Or pendant la séance, j’ai sursauté sur mon siège plusieurs fois quand j’ai constaté à de multiples reprises des problèmes de genrage dans les sous-titres en français. J’avais attendu avec impatience de voir ce film et en sortant, je me souviens m’être fait la réflexion que ces erreurs m’avaient un peu gâché la projection. J’ai alors décidé de me renseigner sur la façon dont ces sous-titres avaient été réalisés, et après un échange de mails, j’ai appris qu’un festival de la région PACA avait sous-traité une boîte de traduction (pas LGBT donc). Ayant obtenu le mail de la traductrice, j’ai fait preuve d’extrêmement de diplomatie et de pédagogie (si,si quand je me concentre fort, je peux), pour lui signifier que dans le contexte du film, il n’était pas possible de traduire de l’anglais vers le français un neutre vers un féminin, par exemple quand Eddie avoue à Rana « I’m a transsexual » (qui est quand même un moment important dans le film) il est insupportable de lire à l’écran « Je suis une transsexuelle ».

Bien sûr, la traductrice m’a pris de haut et m’a envoyé bouler poliment mais froidement et avec mépris (qui étais-je pour lui donner des conseils sur son travail?).

(page 8/17 du script)

Alors bon ça m’a énervé mais on peut pas dire que ça m’a surpris plus que ça venant d’une personne hors milieu qui ne s’est juste pas donné la peine de se renseigner pour faire son boulot, après tout c’est ce que font la plupart des « journalistes » dès qu’ils parlent des trans.

Par contre au niveau des festivals LGBT, à priori, personne ne s’est posé de question jusque là. En même temps, doit-on s’attendre à plus d’attention et d’implication de la part de festivals qui se disent LGB « T » et qui arrivent à s’embrouiller entre les termes MtF et FtM dans leur programmation.

Mais sur comment on prend au départ un film bien pour le dénaturer et aussi au passage invisibiliser sa thématique principale pour des raisons toujours inconnues à ce jour, le meilleur reste à venir avec la sortie nationale du film le 13 mai prochain, « grâce », nous dit le festival Écrans Mixtes de Lyon (séance du 9 mars 2015), au distributeur OUTPLAY.

cache_2454691361Seulement voilà, le film a changé de nom, dorénavant ce sera « Une femme iranienne ».

POURQUOI ?

On se sait pas. J’ai tenté de poser la question à Outplay (bon ok j’étais moyennement gentil, mais quand même pas insultant) via son FB, son site, et finalement son directeur Thibaut Fougères (également co-fondateur et programmateur pour ce nouveau  festival « de quartier » mais surtout pas LGBT qu’est le «Marais Film Festival », voir article de Yagg )

Celui-ci m’a sympathiquement répondu il y a une semaine, qu’il n’avait pas le temps il avait piscine

(enfin presque, j’exagère, il était en sortie ciné, j’espère que d’ailleurs depuis il est sorti parce que je suis pas sûr que ça soit génial pour la santé de s’alimenter de pop-corn pendant une semaine).

thibautfougèresAlors oui je m’interroge sur Outplay, je m’interroge également sur le fait qu’ une boîte distribuant un film aussi bien et queer que Something Must Break répertorie sur son site les films en deux catégories (qui a dit binaire?) « côté filles » et « côté garçons ». Des fois je me demande si les réalisatrices/ réalisateurs sont au courant et j’aimerais qu’on leur demande aussi leur avis, mais bon peut-être que je suis un extrémiste du respect du cinéma, je sais pas.

MAIS POURQUOI EST-CE SI IMPORTANT ?

Alors je vais me fendre encore une fois d’une tentative d’explication pour dire ce qui me paraît évident (et bon sang ça m’énerve de devoir le faire).

Parce que de passer du titre Facing Mirrors qui est une bonne traduction du titre original à Une femme iranienne qui invisibilise totalement le personnage trans masculin, alors bien sûr cette « femme » du titre est Rana (enfin j’espère), mais focaliser sur elle avec ce titre revient à effacer Eddie de l’histoire, à signifier par le vide qu’il est quantité négligeable. Et ce n’est pas ce que raconte ce film, ce n’est pas la vie de Rana qui est le sujet central, mais bien cette rencontre et cette amitié, ce voyage à deux qui se reflète dans le titre original.

Or l’invisibilisation c’est bien spécifiquement la manière dont les trans dans un spectre masculin (Ft*, FtM) sont discriminés. Tous les jours, au quotidien, nous recevons des messages de notre entourage, des médias, des médecins, des administrations, des politiques, des gays et des lesbiennes cis, qui nous signifient que nous sommes une quantité négligeable ou que nous n’existons pas. Alors parfois ce n’est pas flagrant, ce ne sont que des « petites erreurs » aux yeux des autres, (souvent de prénom, de pronom, de vocabulaire) des oublis, des silences… mais vous savez quoi ? C’est ça qui tue. C’est ça qui nous écrase jour après jour, qui rentre insidieusement dans la tête d’un enfant trans (ou d’un adulte) pour lui faire comprendre qu’on ne le reconnaîtra jamais comme important, qu’il est sûrement fou et qu’il doit renoncer à être lui-même dans cette société, voire dans cette vie.

Il y a très peu de films avec un trans masculin comme personnage principal, on peut les compter sur les doigts d’une main, mais on trouve toujours Boys Don’t Cry classé sur certains sites « LGBT » dans la catégorie lesbienne et ça ne choque que nous j’ai l’impression. Bien je pense qu’il est temps qu’on ne laisse plus rien passer, qu’on arrête d’être gentil, et qu’on s’arrête sur ces « détails » qui mis à la suite les uns des autres nous pourrissent la vie, il est temps d’exiger des gays, des lesbiennes et des bi(e) cis qu’ils/elles prennent leurs responsabilités si ils/elles veulent continuer à arborer le sigle LGBT sans problème.

Si vous désirez imprimer ce texte et par exemple le distribuer durant les festivals diffusant Facing Mirrors sous le titre Une femme iranienne, comme par exemple le lundi 9 mars à 20H au cinéma le coemédia à Lyon dans le cadre de ECRANS MIXTES, n’hésitez pas !

A télécharger ici !

Ça fait 5 ans maintenant

Témoignage paru dans le TransKind N°7

http://transkind.wordpress.com/2014/04/05/transkind-n7/

 

 

J’ai 35 ans et je ne suis pas proche de mes parents.

 

Aucun rapport avec ma transition, simplement, je ne me sens pas « intime » avec eux, je ne pense pas qu’ils me connaissent vraiment.

 

Je ne sais pas d’où ça vient exactement, j’ai très peu de souvenirs avant mes onze ans, mais à l’adolescence, la distance est devenue un mur parce qu’il n’y avait pas la place pour que je leur parle de moi et depuis il n’y en a toujours pas.

 

Mes grand-parents sont morts, je n’ai plus de contact avec mes oncles et tantes depuis, je ne connais pas vraiment très bien mes frères et ma sœur issus d’un autre mariage de ma mère, puisque je n’ai pas vraiment grandi avec eux et qu’ils sont partis (je suis le plus jeune).

 

C’est toujours bizarre pour moi quand on me pose des questions sur ma famille par rapport au fait que je sois trans.

Je ne me sens pas de me plaindre vraiment parce qu’ils ne m’ont pas exclus comme tant d’autres trans que je connais, ils n’ont rien dit de vraiment horrible, n’ont pas posé de questions gênantes, d’ailleurs ils n’ont pas posé de questions du tout.

 

Dans les faits, mes parents assurent une sorte de service minimum d’après moi.

Par conséquence je ne trouve aucune raison de rompre le contact, mais je trouve que notre relation n’évolue tellement pas qu’elle est juste pesante.

 

 

A 20 ans j’ai dit à mes parents que je préférais les filles (en tant que fille), je le savais déjà depuis mes 16, ça s’est pas trop mal passé, ma mère a pleuré en mode « qu’est-ce que j’ai fait ? » et mon père a changé de sujet. Mais après ils ont accepté mes petites amies (surtout si elles n’étaient pas trop masculines…)

 

A 30 ans, j’habitais à Paris, mes parents toujours à Tours.

J’ ai voulu faire mon coming out en tant que trans, et puis je me suis dégonflé, j’ai complètement flippé, j’ai eu un peu une réaction étrange et à la place je leur ai dit que j’avais joué dans un porno (ouais je sais… en même temps c’était vrai hein), mon père m’a demandé si j’avais été payé (pragmatique jusqu’au bout) et ma mère a eu un silence (avec un regard un peu choqué tout de même).

 

Finalement je leur ai dit en septembre de cette année-là, je prenais de la testo depuis mars, je me bindais depuis 2 ans. J’ai pas voulu porter leurs angoisses ou leurs interrogations parce que j’avais décidé que je n’avais pas besoin de ça à ce moment là et que je n’avais pas à répondre à leurs doutes ou leurs possibles espoirs déçus.

 

Je leur ai donc dis par mail. J’ai essayé de choisir des mots simples mais qui me correspondaient, sans passer par « je suis un garçon… né dans le mauvais corps… » vu que ce n’est pas ce qui m’allait, sans passer non plus par une explication des multiples identités vu que je ne pense pas que c’était (ou c’est encore) à leur portée.

 

Ça donnait un peu ça :

 

« Je suis en pleine transition. C’est a dire que j évolue vers un genre masculin plus apparent.
Je suis suivi par une thérapeute et un endocrinologue qui s’occupent très bien de moi et me
font suivre un traitement a base d hormones ( testosterone).
Ce qui explique les changements physiques que vous pourrez constater.
Pour mettre des mots sur cette brève explication : je suis trans’ . »

 

Il n’a pas eu de réaction négative, il n’ y a pas eu de questions non plus.

J’ai commencé à leur demander de m’appeler par mon prénom choisis peu de temps après.

 

 

Ca fait 5 ans maintenant.

Et rien n’a vraiment changé. Je m’interroge souvent sur le fait que je vive à distance n’aide pas et comment je pourrais leur faire comprendre, mais je leur en veux aussi de ne pas faire plus d’effort pour se renseigner.

Je leur ai demandé un témoignage pour mon changement d’état civil, et ne les ai pas orienté pour savoir ou ils en étaient, ils utilisent dedans mon prénom féminin mal accordé avec des adjectifs masculins qui ressemblent plus a des lapsus qu’ a une volonté de leur part.

 

Je vais une ou deux fois maximum par an chez mes parents, et rarement plus de 4 heures, parce que je trouve ça assez insupportable.

 

J’ai beaucoup changé physiquement, j’ai de la barbe maintenant, j’ai obtenu mon changement d’état civil il y a 1 an.

Mais rien ne change, quelquefois je trouve que c’est même pire.

Les efforts un peu ratés, mais bien soulignés, de ma mère pour m’appeler par mon prénom choisis, qui me paraissaient au début un bon signe, sont maintenant pour moi vraiment problématiques.

 

Après 5 ans elle se trompe toujours à peu près une fois sur deux, mon père déploît des efforts intenses pour ne pas me genrer du tout mais il se loupe souvent.

 

J’ai beaucoup de mal à les reprendre, et la dernière fois que je l’ai fait, ma mère a ri en mode « ohh c’est bon, hein, y’a pas mort d’homme… »

 

 

Je les ai, par hasard, entendu parler de moi, en dehors de ma présence, et le féminin est totale, donc j’ai très peu d’espoir que ça s’améliore.

 

Et enfin bien sûr, ils me croient hétéro, il me semble qu’il me reste un coming out à faire ( probablement noël prochain).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De la violence (physique)

C’est un gros sujet pour moi. Je suis pas sûr de maîtriser les enjeux politiques et tout ça… mais bon je me lançe.

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Mes parents m’ont toujours dit : « Ne reponds pas ».

C’était à toutes les sauces, un reproche, une remarque, une explication… c’était super mal venu de répondre.

Parce que j’étais perçu comme une fille? Oui sûrement, oui peut être, ou juste un enfant qui ne doit pas rentrer dans un débat avec ses parents.

Résultat, on a jamais vraiment réussis avoir une quelconque discussion, tout était faussé par cette règle immuable.

Même encore maintenant j’y arrive pas.

J’ai fait du basket féminin de mes 8 ans à mes 16 ans et croyez moi, c’etait pas tendre, les coups pleuvaient.

Et puis j’ai eu 18 ans un jour et j’ai connu le milieu lesbien d’un bar de province, ou la plupart des personnes évoluants dans ce milieu avait le double de mon âge.

La plupart des soirées se finissaient mal, bien souvent à l’hôpital, ou les lesbiennes infirmières assuraient le suivi des histoires et des gossips ( C’est grâce à l’une d’entre elle une fois que j’ai appris que ma mère avait été hospitalisée, alors qu’elle n’avait pas pris la peine de me l’apprendre).

Bref.

Moi j’étais vraiment dans ma période Gandhi, j’avais lu les bouquins, j’avais vu le film, et je croyais grave qu’en ne réagissant pas face à la violence, je pouvais changer les choses. Du coup, j’avais eu quelques conflits, ou je m’étais laissé frappé en attendant que ça s’arrête, en pensant vraiment que jouer le jeu de la violence, c’était rentrer dans un jeu que je n’acceptais pas, et qu’en refusant d’y jouer je le désamorçais.

Mais avec un peu de recul, je m’aperçois que je suis incapable de me défendre physiquement, que même si j’essaye de participer a des ateliers d’auto-défense verbale (enfin un), je ne serais pas plus capable d’amorcer un geste physique, qu’on me renvoit régulièrement que les trans FT* et FTM sont des gentils et c’est pour ça qu’on les aime…

Que la dernière fois ou j’aurais aimé frappé quelqu’un, il a désamorcé le truc en me renvoyant mon statut de trans dans la gueule, que la testo et ses effets agressifs c’était bon et puis que je n’avais pas besoin de ça pour « surjouer la virilité » qu’il fallait que j’arrête d’être menaçant parce que a ce que j’ai compris ce n’était pas ma place, ce n’était pas mon rôle.

J’en peux plus des personnes qui me disent de garder mon calme, que ça ne sert a rien, qu’en répliquant on ne fait que jouer leur jeu. Accorde moi le crédit de s’avoir ce que je fais. Si je peux rentrer chez moi avec l’idée défoulante d’avoir pu taper un connard, c’est vraiment pas si mal en fait. Ouais des fois ça sert a rien, des fois ça fait juste du bien, mais vraiment c’est pas si mal.

Je me dis juste que le prochain , il prendra pour tous les autres.

Et j’espère que mes amiEs présentEs ne me diront pas de me retenir.

Etre unE bonNE alliéE

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C’est bientôt l’Existrans, la marche des trans, des intersexes et de leur alliéEs et tu te demandes (si tu n’es pas trans et pas intersexe) si tu te considères comme unE bonNE alliéE, et bien tu sais quoi?

Si tu es capable de ne pas parler à notre place, tu peux le faire!

Je vais sortir de moi-même pendant 5 minutes et faire des efforts de pédagogie que normalement je ne devrais pas faire, parce qu’il me semble que tu devrais avoir compris ça depuis fort longtemps.

1) EDUQUE TOI

Ce qui veut dire que je n’ai rien a t’expliquer, que tu peux le faire toutE seulE et que je ne te dois rien.

(c’est bon y’a internet maintenant et si tu comprends pas que les trans sont mieux placéEs que les autres pour parler de leur vécus et de leurs revendications, abandonne tout de suite et maintenant)

2) FERME TA GUEULE

Ouais c’est vrai je pourrais être plus diplomate, mais je ne le suis pas. Et j’ai le droit aussi.

Ce qui veut dire que

a) dans une situation ou des trans sont présents, ne prends pas la parole pour parler de trans

b) dans une situation ou des trans sont absents (entre cis, enfin tu présupposes) bottes en touche et rappelle que personne n’est légitime pour parler en leurs noms. Il y’ a maintenant suffisamment d asso et de collectifs pour pouvoir se passer de ton avis de cis.

(toi même tu sais que les arguments type : « je connais suffisamment de trans, je suis sortie avec des trans/un trans » ne sont pas des arguments légitimes)

3) OUI, TU AS DES QUESTIONS, mais j’en ai rien a foutre.

Eduque toi, par des liens, des textes,des rencontres, des conférences, mais ne vient pas me les poser, car tu présupposerais que je suis là pour y répondre et ce n’est pas le but de ma vie tu vois.

4) OUI DES FOIS ON AIME QUE NOS AMIES CIS NOUS SOUTIENNENT et viennent a l’Existrans par exemple, ou juste soient là, pas loin, et c’est cool, on les aime grave parce qu’ils ou elles nous montrent du soutien,  mais on sait qu’ils ou elles ne diront pas un truc du genre « on est tous un peu trans tu sais », parce que ce n’est pas vrai.

5) DIRE QU’ON EST LGBTQI ou transpédégouine (attaché et c’est voulu), non ce n’est pas suffisant pour prendre la parole (spéciale dédicace)

Ce que tu entends par ta communauté, ce n’est pas obligatoirement ce que j’entends par la mienne. Et de plus les combats sont spécifiques, si tu refuses de le reconnaître, je pense que tu as un problème dans ta façon d’être en politique.

6) Est-ce que tu as remarqué que cet article s’applique a pas mal de luttes?